Lorsque je parle tout au long de ce blog de différences entre hommes et femmes, je parle uniquement de différences inhérentes aux différences d'éducations qui conduisent hommes et femmes à avoir des réactions stéréotypées qui n'ont rien à voir avec leur genre. Ce sont justement ces supposées différences que je m'efforce ici de rendre caduques mettant en avant l'éducation plutôt que la prédisposition dans les comportements types.

mercredi 2 février 2011

Le fantasme c'est comme le sel. Sans c'est fade, à l'excès c'est immangeable.

Depuis peu je ressens ce pouvoir qu'on possède d'être libre et seul. Je ne sais pas pourquoi il me vient maintenant. Je n'en tire encore aucune force mais j'attends.
Je lis par-ci par-là une citation de Steinbeck, une histoire de mec qui s'est fait contaminer par le HIV, j'ai dit au revoir à une copine qui se barre un an ou plus faire le tour du monde pour vivre, après être resté un peu trop seule dans la chambre d'un inconnu, j'ai pensé à feu une mère qui n'est pas la mienne et j'ai aussi répondu à quelqu'un que non, s'il n'a pas pris de plaisir ce n'est pas normal de dire le contraire.
Je me demande encore ce qui pousse certains à vivre dans le fantasme. Et ce qui nous conduit à lâcher prise, parfois.

C'est beau, c'est fort, c'est puissant mais c'est égocentrique. Fantasmer l'autre c'est lui retirer sa personnalité des mains pour en faire son instrument. C'est empêcher l'autre d'exister. C'est aussi soi-même trouver au mauvais endroit une réponse erronée à une question mal posée. Le fantasme c'est vivre un autre qui n'existe pas et penser qu'on n'est juste victime d'une acuité trop aiguisée. Voir ce qui n'existe pas. Ou presque.
Parce que vivre l'autre uniquement au travers son fantasme c'est ne considérer qu'une et une seule couleur dans une toile de Matisse. On invente pas quelqu'un non, on l'ampute juste de tout le reste de son corps, ne gardant que la main que l'on désir. Ou le pied, ou les yeux, ou la douceur. Et cette nouvelle personne faite "sur mesure" nous l'aimons, bien que mal, tant qu'on lui pardonnera toutes les déchirures de notre âme.
La raison qui rend un rapport si compliqué lorsqu'on vit l'autre uniquement de façon fantasmée? La raison de ces "déchirures de notre âme"? La surprise, toujours étonnante, d'observer parfois quelque chose de très curieux sortir des épaules du bellâtre ou de la dulcinée. Des bras. Des bras qui entachent grossièrement la peinture qu'on s'est faite de cet individu imparfait, et dans laquelle jamais nous n'aurions toléré ces appendices. Il suffit d'attendre suffisamment longtemps et toujours, toujours, on voit un jour malgré tout nos efforts que l'autre a malgré tout les pieds et les mains qu'on lui a gommé.

Pourquoi fantasmer une relation? Qu'est-ce qui conduit (souvent dès les premiers instants) une relation à être ou non fantasmée? Juste la distinction que l'on fait un peu trop et trop longtemps d'un élément de la personnalité de l'autre par rapport au reste de sa personnalité. Un détail du corps par rapport au reste du corps. Et c'est beau et c'est bon et c'est puissant. Mais ce n'est pas l'autre. Ce n'est qu'un détail.
Dans une relation fantasmée, il est probable même que l'autre dans son entier, nous ne l'aimions pas, ou pas autant que cette petite partie sublime que l'on a isolé de lui.
Une fois cette mécanique assimilée, je me suis demandé pourquoi en nous même rechercher cette chose chez monsieur ou madame Nimporte Qui. Sans doute qu'on pourrait se poser la même question pour les musiques qui nous font pleurer ou qui nous rendent délicieusement vénère. Pour accéder à une partie de nous même par une voie extérieure. Pour l'extravertir. Pour nous extravertir. Pas l'autre, pas vers l'autre, pas pour l'autre. Comme une musique. Pour nous même, quand on est tout seul dans notre salon avec notre bouteille et qu'on joui de cette instant où nos émotions sont à l'extérieur de notre corps. Sans doute en voudrions-nous à quelqu'un de pénétrer dans notre espace privé à cet instant.
Sans doute est-ce pour cela qu'il est si difficile de communiquer avec l'autre dans une relation fantasmée. Puisque nos besoin égoïstes ne souffrent aucune discussion.
Et certains appellent ça l'amour. De bonne fois.

Sans doute que pour aimer, selon moi, il faut simplement aimer l'autre... non pas "au-delà de soi-même" (ce rapport à soi bien trop égocentrique pour être honnête fait trop le plaisir de ceux qui fantasment). Personne ne demande à personne de décrocher la lune. Et vouloir mesurer à tout prix son amour, ça a quelque chose de narcissique. Pourquoi tu me dis que tu m'aimes? Ça m'est égale. Si tu veux me le dire dis-le, mais pour toi. Pas pour moi. Si tu me trouves belle et que tu veux me le dire alors dis-le, mais pour toi. Comme quelqu'un qui veut absolument te rendre un service alors que tu n'as rien demandé. Il y a quelque chose de l'ordre de l'intrusion dans ces déclarations d'amour égoïstes que l'on formule à outrance. Et jamais, jamais ça ne sera une preuve de quoi que ce soit.
Je me trompe peut-être.
Mais le mieux si ça se reproduit, si un jour on a peur d'être dans une relation plus fantasmée qu'autre chose, alors c'est de s'asseoir une minute et de regarder. Avec ses vrais yeux. Regarder l'autre. Et peut-être apprendrons-nous qu'il n'a pas en vérité un bras mais bien deux. Ou bien qu'il met systématiquement son couteau à sa gauche. Ou bien qu'il ne rayonne pas dans la pièce parce que c'est en fait le soleil qui éclaire. Tout ces faits curieux qu'on n'avait pas vu. Et qui peuvent être charmants. Ou non. Mais des détails à ne pas occulter. C'est tout.
Mais je me trompe peut-être.

1 commentaire:

  1. Ce que tu décris là est tellement vrai qu'il est très fréquent de s'entendre rétorquer par l'objet de notre amour : "Mais ce n'est pas MOI que tu aimes, c'est un fantasme, l'image que tu te fais de moi..."
    Bien souvent c'est vrai, ceci dit.
    Et puis parfois, non. Parfois, tous les détails nous apparaissent, et certains sont en effet agaçants, mais ils n'éclipsent jamais le caractère sublime du mouvement général des êtres que l'on ne peut pas faire autrement qu'aimer. Parce qu'ils sont vrais, tout simplement.
    Mais c'est assez rare, je crois. Enfin je ne sais pas, moi je suis amoureux de presque tout le monde.

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